Depuis le 20 septembre, une rare tempête de neige a frappé les régions sud de l'Afrique, provoquant le chaos sur les routes. L'administration des frontières d'Afrique du Sud a fermé trois postes-frontières avec le Lesotho.
Dans certaines régions du Lesotho et de l'Afrique du Sud, les congères ont atteint une hauteur de 2 mètres, bien au-delà des niveaux habituels, même au cœur de l'hiver. Les provinces du Cap-Oriental, du KwaZulu-Natal, de l'État Libre et du Gauteng en Afrique du Sud ont été particulièrement touchées.
Les amoncellements de neige ont paralysé la circulation, y compris sur l'autoroute numéro 3 reliant Johannesburg à Durban, l'une des principales artères de transport de l'Afrique australe.
Les amas de neige ont paralysé la circulation sur l'une des principales routes de transport de l'Afrique du Sud
De nombreux conducteurs ont passé la nuit dans leurs voitures, sans nourriture ni eau, en attendant l’aide des secouristes, et certains sont restés piégés dans la neige pendant plus de 24 heures. Une personne est décédée d’hypothermie.
Dans la capitale du Lesotho, Maseru, des enfants sont restés bloqués dans les écoles pendant plusieurs jours.
En Afrique du Sud, la neige tombe seulement en hiver et dans les zones montagneuses. Elle est généralement peu abondante et sans conséquences graves. C’est pourquoi cette chute de néige, qui a été tardive et exceptionnellement forte, dépassant les normes même pour le cœur de l'hiver (de juin à août dans l'hémisphère sud), a été qualifiée d'extrême par les météorologues.
Les habitants d’autres pays se sont également retrouvés de manière inattendue piégés dans la neige et ont dû faire face à un froid anormalement intense.
Le 22 septembre, en raison d'une chute de neige printanière soudaine dans les Andes, le tunnel international Cristo Redentor - Los Libertadores a été fermé. Environ 7 000 touristes venus en Argentine pour le week-end se sont retrouvés bloqués dans la province de Mendoza.
Les transports de marchandises ont été perturbés, avec des milliers de camions en attente dans les stations de service pour transporter leurs cargaisons vers les ports du Pacifique.
D’abondantes chutes de neige ont également touché les provinces de Neuquén et de Río Negro. Cette neige inhabituelle a entraîné la fermeture de plusieurs cols dans le sud du pays, y compris le col international de Pino Hachado, bloquant environ 150 camions dans la ville de Las Lajas, incapables de traverser vers le Chili voisin.
Chute de neige printanière soudaine dans les Andes, Argentine
L'hiver a commencé de façon exceptionnellement précoce en Mongolie. Les habitants des provinces nord, ouest et centre du pays ont été touchés par des gelées précoces. Le 18 septembre, certaines régions ont reçu jusqu'à 7 cm de neige, et la température est descendue jusqu'à -5 °C.
Arrivée inhabituellement précoce de l'hiver en Mongolie
Les éleveurs nomades et les agriculteurs ont été particulièrement affectés. Les gelées soudaines menacent les récoltes ainsi que les stocks de légumes.
En même temps, des températures anormalement élevées ont été enregistrées dans de nombreuses régions du monde.
En septembre de cette année, presque tous les pays ont connu des records de chaleur.
Les cartes montrent des écarts de température par rapport à la norme dans différentes régions
Au Canada, des températures anormalement chaudes ont été observées. Le 22 septembre, à Clyde River, dans la province nord du Nunavut, un record de chaleur pour le mois de septembre a été établi avec +16,5 °C alors que la température maximale moyenne ne dépasse pas +2 °C à cette période de l'année.
Une chaleur extrême s'est installée dans plusieurs pays d'Amérique du Sud : en Bolivie, en Argentine, au Paraguay et au Brésil, où le mois de septembre marque le début du printemps.
Le 22 septembre, à Villa Montes, en Bolivie, la température a atteint +45 °C, dépassant de 12,5 degrés la norme climatique.
Au Brésil, on a enregistré la température minimale la plus élevée jamais observée en septembre pour l’hémisphère sud. Le 23 septembre, à Cuiabá, la température n'est pas descendue en dessous de +30,9 °C.
En Iran, le 23 septembre, dans la ville de Kahnuj, située à 500 m d'altitude, la température a atteint +47 °C, établissant un record mondial pour cette altitude.
Le même jour, presque 100 % des stations au Bangladesh, au Népal et dans le nord-est de l’Inde ont pulvérisé leurs records. Par exemple, à Janakpur, au Népal, on a enregistré +40,5 °C, et à Dibrugarh, en Inde, +39,5 °C.
En Europe, d’importants contrastes de température ont été observés : une chaleur record en Europe du Nord et un froid anormal en Italie et dans les pays des Balkans.
Le 19 septembre, le typhon « Pulasan » a frappé la Chine, débordant sur la terre ferme à deux reprises. Il a d'abord touché le district de Daishan, dans la préfecture de Zhoushan, dans la province de Zhejiang, puis le district de Fengxian dans la métropole de Shanghai.
Plus de 300 mm de précipitations sont tombées en seulement six heures,
battant un record historique pour la région.
Rue inondée à Shanghai, Chine
Une grande partie de la métropole a été inondée, et les habitants ont dû se déplacer sur des radeaux improvisés. « Pulasan » a également déclenché une tornade multi-vortex dans le district de Qingpu à Shanghai.
Au 20 septembre, environ 112 000 personnes avaient été évacuées, et le trafic ferroviaire et les ferries suspendus dans la région. Près de 650 navires ont été redirigés vers des zones sûres.
Il est à noter que les typhons touchent généralement la côte chinoise bien plus au sud de Shanghai. Cependant, en l’espace d’une seule semaine, deux typhons ont frappé la métropole : le 16 septembre, c’était le typhon « Bebinca », suivi quelques jours plus tard par le typhon « Pulasan ».
Bien que « Pulasan » ait été rétrogradé en tempête tropicale, il a entraîné de fortes précipitations et des conséquences dramatiques pour les habitants de la Corée du Sud et du Japon.
Le 21 septembre, dans la deuxième plus grande ville de Corée du Sud, Busan,
223,8 mm de pluie sont tombés en une seule nuit,
inondant les quartiers résidentiels et obligeant des centaines de personnes à évacuer.
Une énorme quantité de précipitations a fait plonger sous l’eau les rues en Corée du Sud
En plus des inondations, un affaissement de terrain a eu lieu dans la ville. Un énorme cratère de 10 m de long, 5 m de large et 8 m de profondeur s’est formé sur une route dans le district de Sasang, engloutissant deux camions.
Le 21 septembre, dans la préfecture d’Ishikawa au Japon, 16 rivières sont sorties de leur lit, inondant de nombreuses habitations.
Dans la ville de Wajima,
plus de 120 mm de pluie sont tombés en une heure.
En 24 heures, des records de précipitations ont été atteints dans cette ville ainsi qu'à Suzu, avec 354 mm de pluie à Wajima et 258 mm à Suzu,
des niveaux de pluies jamais observés auparavant dans cette région.
Des précipitations record provoquent des inondations dans la préfecture d'Ishikawa, au Japon
A la date du 22 septembre, plus de 2 000 personnes ont dû être évacuées.
La ligne de trains à grande vitesse a temporairement interrompu son service entre les stations Yamagata et Shinjō.
Au nord de la péninsule de Noto, plus de 60 glissements de terrain et coulées de boue ont eu lieu. Dans la ville de Suzu, de nombreux foyers ont été ensevelis sous la terre et les rochers. Le 21 septembre, à Wajima, une rivière en crue a emporté plusieurs maisons, ne laissant que leurs fondations.
De nombreuses routes ont été détruites ou bloquées, et des ponts emportés par les eaux. En conséquence, 115 villages autour des villes de Wajima, Suzu et Noto se sont retrouvés isolés.
5 060 foyers sont restés sans eau, et l’approvisionnement en électricité a également été interrompu.
A la date du 23 septembre, les autorités ont rapporté que 7 personnes avaient perdu la vie et que 2 étaient portées disparues suite à cette catastrophe naturelle.
Cette inondation constitue un nouveau drame pour les habitants ayant perdu leur logement lors du tremblement de terre qui a frappé la péninsule de Noto le 1ᵉʳ janvier 2024. Selon les autorités de la préfecture d’Ishikawa, à la date du 22 septembre, les logements temporaires ont également été endommagés par les inondations dans 9 quartiers des villes de Suzu et Wajima.
À Wajima, une rivière en crue a endommagé des maisons et des infrastructures, Japon
Neuf mois plus tard, la construction de logements temporaires pour les sinistrés se poursuit encore, mais les inondations ont déjà rendu inhabitables certains bâtiments nouvellement érigés. Une femme de 80 ans a raconté qu’après avoir survécu au tremblement de terre, elle avait dormi pendant plusieurs mois sur des nattes dans un gymnase, et qu’elle avait à peine retrouvé un lit normal lorsque tout a été à nouveau inondé par de l’eau boueuse. Les habitants risquent à nouveau de passer l’hiver entassés dans des voitures ou dans des gymnases.
L'inquiétude grandit en Corée du Sud où des affaissements de terrain et des effondrements de sol se produisent dans tout le pays. Selon l'Agence nationale de sécurité foncière, du 2 janvier 2018 au 29 août 2024, 1 365 de ces incidents ont eu lieu, provoquant la mort de 2 personnes et blessant plus de 60 autres.
Le 19 septembre, lors de la récolte près du village de Melkhituy, dans le district de Nukutskiy, en région d'Irkoutsk, Russie,
une moissonneuse a sombré dans une énorme doline.
Malheureusement, le conducteur est décédé sur place.
Une grande doline s'est formée dans un champ près du village de Melkhituy, Russie
Le 20 septembre, au parc industriel Chachapa, municipalité d'Amozoc, État de Puebla, Mexique, un énorme cratère s'est formé, qui a englouti l’arrière d'un semi-remorque, alors que les roues avant et la cabine du conducteur pendaient en l'air.
Il s'agit de la quatrième doline apparue cette semaine dans le pays. Dans le centre historique de la ville de Irapuato, État de Guanajuato, un trottoir s'est effondré.
Une fourgonnette avec une famille et un camion de livraison de Coca-Cola sont tombés dans le trou,
blessant légèrement quatre personnes.
Deux voitures sont tombées dans un trou à Irapuato, au Mexique
Deux autres cas d'effondrements de terrain ont été signalés dans la capitale, Mexico, dans l'État de Mexico, et dans la ville de Tlaquepaque, dans l'État de Jalisco.
En Turquie, les effondrements de terrain deviennent également de plus en plus fréquents. Ce problème touche particulièrement la province agricole de Konya. Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau dans la région, l'augmentation récente du nombre de nouveaux effondrements inquiète les habitants locaux.
D'énormes trous dans le sol, Türkiye
Selon l'Agence turque des situations d'urgence, plus de 2 700 déformations de surface et fissures non sismiques ont été identifiées rien qu'au cours de l'été de cette année. Cela indique un risque de formation de nouvelles dolines.
Le 23 septembre, une série de puissantes tempêtes a frappé la France, apportant des pluies torrentielles et des inondations. C’est à Cannes que l’impact de la tempête a été le plus fort. L'intensité des pluies a été catastrophique :
en seulement 21 minutes, 37,7 mm de pluie sont tombés.
Inondations dans les rues de Cannes, France
L'eau s'est déversée dans les rues, emportant les voitures et semant le chaos.
Quelques jours seulement après que la tempête «Boris» a inondé l'Europe centrale, elle s'est abattue sur le nord-est de l'Italie à partir du 18 septembre.
De nombreuses villes se sont retrouvées sous les eaux, environ 1 500 habitants ont été évacués, et deux personnes sont portées disparues.
La ville de Falconara, dans la région des Marches, a été confrontée à des pluies anormales: en deux jours, il est tombé 204 mm de précipitations, soit trois fois plus que la moyenne des précipitations de septembre (la norme mensuelle de septembre étant de 64 mm).
Dans les régions montagneuses des Apennins, plus de 300 mm de pluie ont été enregistrés, entraînant de nombreux glissements de terrain et des fermetures de routes. La région de l'Émilie-Romagne a été particulièrement touchée. À Ravenne, les écoles, les bibliothèques et les parcs ont été fermés, tandis que l'Université de Bologne a annulé les examens et les cours. Dans toute la région, les routes ont été endommagées et le trafic ferroviaire a été gravement perturbé.
En raison de fortes pluies, les rues de Ravenne ont été submergées d'eau, en Italie
Dans la ville de Faenza, le niveau des rivières a brusquement augmenté, inondant la ville. De nombreux habitants ont été contraints dans la nuit de fuir à la hâte leurs maisons en bateau.
C'est déjà la troisième inondation majeure en Émilie-Romagne au cours des 16 derniers mois. Les gens sont désespérés : n'ayant pas eu le temps de se remettre complètement de l'inondation mortelle de mai dernier, ils se retrouvent à nouveau au cœur d'une tempête dévastatrice. Les maisons rénovées et repeintes ont de nouveau été inondées par des eaux boueuses.
Aujourd'hui, en observant les événements qui se déroulent, même les plus naïfs réalisent que le monde est au bord du gouffre. Mais le paradoxe est que même après avoir subi une catastrophe — comme en Émilie-Romagne, en Italie — après avoir reconstruit leurs maisons, les gens continuent à vivre comme avant, bercés par l'illusion que le pire est derrière eux. Mais une nouvelle calamité arrive encore — et le même schéma se répète. Il semble que la prise de conscience des gens commencera seulement lorsqu’ils n'auront même pas eu le temps d'éliminer les conséquences de la tempête précédente alors qu’une nouvelle arrivera. Ou alors, ils feront face à un mélange de catastrophes, comme au Japon : un tremblement de terre se produit, et avant même que les maisons ne soient reconstruites, elles sont de nouveau détruites, cette fois-ci par une inondation. Et lorsqu’une telle situation commencera à se développer plus rapidement dans le monde entier, alors viendra la compréhension qu'il faut agir. Mais à ce moment-là, il pourrait être déjà trop tard. Lorsque les gens seront occupés à survivre, personne ne sera là pour s'occuper de la préservation de la planète.
Pour l’instant, nous avons encore une chance : nous avons des scientifiques qui peuvent résoudre le problème climatique, des instituts de recherche, des laboratoires, de la technologie, Internet, et la plupart des éléments nécessaires pour sauver l'humanité.
Chacun d'entre nous, qui a encore de l'intelligence et une once d'humanité, doit comprendre le problème et faire tout son possible pour créer une demande publique pour unir le potentiel scientifique afin de résoudre la menace climatique et pour unir toute l'humanité sur la base de la valeur principale — la vie de chaque personne.
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